« Ma mère, n'entendez -vous pas
Cet aimable oiseau qui m'appelle ?
Ah ! laissez-moi quitter votre aile
Et vers lui diriger mes pas.
Il a redit ma phrase familière
Déjà pour le moins douze fois,
Et cela de telle manière
Que moi-même j'ai cru reconnaître ma voix.
C'est un ami, peut-être un frère ;
Il est là dans ce champ, au pied de ce coteau. »
C'est en ces mots qu'un soir à la caille sa mère
Parlait un jeune cailleteau.
Mais la mère, prudente et sage,
Lui répond : « Garde-toi d'aller auprès de lui,
Si tu ne veux, dès aujourd'hui,
Étre enfermé dans une cage
Et sans doute rôti demain.
Celui que tu prends pour un frère
De tous nos ennemis est le plus inhumain.
Cette voix qui t'appelle, il la sait contrefaire,
Mon fils, au moyen d'un sifflet,
Et c'est avec cette machine
Qu'il nous attire en son filet,
D'où nous passons dans sa cuisine ;
C'est ainsi qu'il nous traite tous.
Recherchons un ami sincère,
Qui nous parle parfois d'un ton rude et sévère ;
Mais redoutons, mon fils, ces gens bénins et doux
Qui mettent tout leur art à parler comme nous. »