Quand l'hiver, retiré sur les hautes montagnes,
A permis aux zéphyrs d'égayer les campagnes ;
Et quand déjà Cérès, attendant ses trésors,
Couronne son front de verdure ,
Ne redoutant plus la froidure,
Les Cailles reviennent alors.
Dans leur trajet de longue haleine,
Or, une fois il arriva
Qu'une femelle s'égara.
Voilà son époux en grand peine,
Qui, dans les blés, qui, dans les bois,
Tout le long du jour la rappelle.
L'écho seul répondait aux éclats de sa voix,
Quand tout-à-coup il croit entendre sa femelle.
Il écoute : elle chante. Oh ! sans doute c'est elle !
Il va revoir, enfin, sa compagne fidèle.
Sur le lieu d'où partent ces cris,
Plein d'espoir, il s'abat. 0 malheur ! il est pris.
Sous l'herbe était cachée une toile perfide.
L'oiseau, pour en sortir, vainement cherche un trou :
Dans son rets, le chasseur avide
Prend la Caille et lui tord le cou.

Une traîtresse voix bien souvent nous appelle :
Et le chien de Jean-de-Nivelle
Était un chien de sens. Notre maître l'a dit.
Ce qu'il a dit est véritable.
L'expérience, en mon esprit,
Chaque jour met plus en crédit
Son propos, dont j'orne ma fable.

Livre I, fable 8




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