Le Rouge-Gorge et le Moineau franc Édouard Parthon de Von (1788 - 1877)

Un rouge-gorge, autrefois,
Avait eu, dans son enfance,
Une faible et douce voix,
Et chantait bien la romance.
Plus tard, la prétention
Lui survenant, avec l'âge,
L'oiseau, par ambition,
Changea d'airs et de langage.
Rien par lui ne fut trouvé
Pour sa voix trop dissicile ;
Rien n'était trop élevé,
Tant il se croyait habile !
Dieu sait comme il se tira
De ces grands airs d'opéra !
Il mettait, s'il faut le dire,
Toutes les fois qu'il chantait,
Son auditoire au martyre.
Plus d'un s'impatientait ;
Le plus court était d'en rire.
Un moineau franc, bravement,
Osa parler franchement
Et lui tenir ce langage :

« Mon cher, tu le prends trop haut,
C'est là vraiment ton défaut.
Sois plus modeste et plus sage ;
Car c'est toujours un travers,
Fût-on un grand personnage,
De prendre de trop grands airs. »

Livre II, fable 19




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