Le Moineau de Symphorien Remacle Maréchal (1796 - 1871)

Depuis une heure, en vain Symphorien cherchait
Fifi, moineau privé, plein d'aimables malices,
Dont, rentré de l'école, il faisait ses délices.
Le pauvre petit ! Il fallait
L'ouïr crier de proche en proche
Fisi ! Fisi ! tout en pleurs, éperdu :
C'était à fendre un cœur de roche.
Où donc Fisi s'est-il perdu ?
Se demandait chacun ; la sournoise minette
L'aurait-elle pris en cachette ?...
C'était plus que probable : « Allons, Symphorien,
Lui dit le bon papa, calme-toi, ce n'est rien :
Fou ! t'affliger ainsi pour un moineau ! Dimanche,
Je te promets d'aller sur la Batte, en revanche,
Te chercher un oiseau tout autrement gentil.
-Eh ! répondit l'enfant, jamais m'aimera-t-il
Autant que mon moineau, qui du haut du vieux saule,
Dès qu'il m'apercevait, me volait sur l'épaule,
Puis, pour me caresser, becquetait mes cheveux ?...
Non, rendez-moi Fisi ! c'est Fisi que je veux ! »

Du cher enfant la préférence
N'a rien qui mesurprenne : au bout de quelques jours,
Des qualités du corps la futile apparence
Le plus souvent ne trouve en nous qu'indifférence ;
Celles du cœur plaisent toujours.