Durant un rigoureux hiver,
Un pauvre petit rouge-gorge,
Ne trouvant pas un seul grain d'orge
Sur le sol de neige couvert,
Vint doucement frapper à la fenêtre
D'un villageois sous son toit abrité,
Réclamant l'hospitalité,
Jusqu'à ce que l'on vit paraître
Du soleil printanier la brillante clarté.
Toujours bon, toujours charitable,
Celui-ci très-bien l'accueillit,
Et de suite l'oiseau se mit
À becqueter les miettes de sa table.
Et, lorsque le printemps, sur l'aile des zéphirs,
Dans les champs, dans les bois ramena la verdure ;
Lorsque l'amour et la nature
Donnèrent à l'envi le signal des plaisirs,
Le villageois entrouvrant sa croisée,
Laissa partir l'aimable oiseau,
Qui, sur-le-champ, sous la feuillée,
Se construisit un nid nouveau
Pour sa jeune et tendre couvée.....
Mais bientôt l'hiver de retour
Attrista tout dans la campagne,
Et le petit oiseau, vers son ancien séjour,
Revint, non seul, mais avec sa compagne ;
Charmés de le revoir, du fermier les enfants,
Dirent à leur excellent père :
Mais voyez donc, il semble par ses chants
Nous adresser une douce prière ?
Oui, leur dit le vieillard, s'il pouvait à son tour
Exprimer sa reconnaissance,
Il vous dirait, et sans aucun détour :
« La confiance aide la confiance,
Et l'amour fait naître l'amour. »

Livre I, fable 4




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