Une jeune bergère et timide et naïve,
Assise au bord d'un clair ruisseau,
Voyait avec plaisir dans l'onde fugitive
Se répéter des traits qui charmaient le hameau ;
Mais ayant un peu troublé l'eau,
Le mobile miroir perdit sa transparence ;
Tout disparut, sa ressemblance,
Comme les arbres du coteau.
Éprouvant une vive peine
D'un changement aussi subit,
La naïade de la fontaine,
Qui s'aperçut de son dépit,
Lui dit :
Il faut donner le temps au calme de renaître,
Ma fille, si tu veux te voir distinctement :
Ce n'est point dans le trouble et dans le mouvement
Que l'on peut bien se reconnaître.