La jeune fille et la Naïade Joseph Barthélemy de Feraudy (1762 - 1831)

Assise sur le bord d'une fontaine claire,
Philis, avec plaisir, était à se mirer.
La soif vint à presser cette jeune bergère ;
Elle puisa de l'eau pour se désaltérer ;
Mais par ce mouvement la liqueur fut troublée :
Philis regarde en vain dans le beau réservoir,
Elle ne se voit plus ; de douleur accablée,
Se lamente, se plaint, regrette son miroir.
La naïade l'entend de sa grotte profonde ;
Soudain elle s'élève, et paraissant sur l'onde :
Un moment, lui dit- elle, attendez que les eaux
Cessent de balancer, reprennent leur repos ;
Alors sans aucun trouble et sans aucun nuage,
Elles réfléchiront de nouveau votre image.

Le trouble qu'a produit le mouvement des eaux,
Des passions nous présente l'emblême ;
C'est dans le calme et le repos
Que l'homme peut se bien voir par lui-même.

Livre I, fable 5




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