Un jour d'été, la petite Isabelle,
Cherchant des fleurs, côtoyait un ruisseau :
Un Oiseau chante ; et voilà que la belle,
Tout doucement s'approche de l'Oiseau.
D'un pied discret marchant sur l'herbe molle,
Et palpitant de crainte et de désir,
Elle tendait la main pour le saisir ;
Psi, notre Oiseau comme un éclair s'envole.
Non loin de-là, sur un petit buisson,
A plein gosier il redit sa chanson.
Elle, aux accents de ce gosier sonore,
Vient, cheminant plus doucement encore,
Et souriant d'un souris plein d'appas,
Semble lui dire : Oiseau, ne me fuis pas !
Nouveau sujet de chagrin : le volage,
Un peu plus loin va faire son ramage ;
Mais de l'enfant l'espoir n'est pas détruit.
L'Oiseau fuit-il, Isabelle le suit,
L'œil aux aguets et la bouche muette.
Craint-on les pas quand le cœur est séduit,
Et que l'on court' après ce qu'on souhaite ?
L'enfant croyait n'avoir pas de témoin ;
Mais un vieillard la suivait d'un peu loin,
A petits pas, se disant à lui-même :
Humains, humains ! voilà bien votre emblème !
Chacun bercé par une douce erreur
Yoit, devant soi, voltiger le bonheur.
De le saisir, chacun a l'espérance
Mais au moment qu'on le croit sous sa main,
Pst il échappe à notre impatience,
Et va plus loin briller sur le chemin.
Rois et bergers sont sur pied dès l'aurore
Pour épier ce perfide enchanteur ;
Et son attrait séduit tant notre cœur
Qu'en mourant même on le poursuit encore.