Louis le onzième du nom…..
Mais la fable n'est pas l'histoire,
Calomnions donc un lion,
Car lion ne fit onc une action si noire.
Son vieux père était mort et mort empoisonné.
De ce forfait atroce on l'avait soupçonné,
Non sans raison, dit la chronique.
C'était un profond politique,
Un maître clerc, un fin matois.
Mais à quoi sert l'esprit quand l'âme est aux abois !
De son propre joug despotique
Le monstre se traîne accablé,
De sang son breuvage est troublé :
Son mirage lui montre un fantôme livide,
Le poison paternel fermente dans son sein.
Il a peur de son ombre : il sait trop, le perfide,
Que c'est l'ombre d'un assassin !
En regardant son fils, il rêve au parricide ;
De sa propre demeure il se fait un tombeau ;
Il a pour seul ami le tigre, son bourreau ;
Il meurt faisant pitié même à ceux qu'il opprime,
Il meurt étranglé par son crime.
Je ne crains pas d'être immoral
En le disant tout haut : nul ne me fera taire.
Au coupable toujours son forfait est fatal !
Si l'on était heureux pour avoir fait le mal,
On aurait bien fait de mal faire !