Certain Lapin sort et râblé,
Dans les combats, où brillait son adresse,
Parmi la gent de son espèce
S'était mainte fois signalé.
Son petit cœur en fut gonflé
D'un tel orgueil, qu'il alla jusqu'à croire
Qu'il pourrait bien sur d'autres animaux.
Et plus courageux et plus gros,
Remporter aussi la victoire.
II en chercha l'occasion.
Auprès de son terrier, à ce que dit l'histoire,
Dormait profondément un terrible Lion.
II s'approche, il l'agace, il lui pince l'oreille,
Lui fait, pour l'éveiller, mainte insulte pareille.
À la fin le Lion s'éveille,
Et voyant le faible animal,
De sa grifse il l'atteint, sans lui faire autre mal.
Pour me venger de ta folie,
Tu mériterais bien, dit-il, que sur le champ
Je te fisse perdre la vie ;
Mais non, je ne veux point me fouiller de ton sang ;
Va-t-en, ta sottise est punie.
C'est allez se venger de faibles ennemis,
De les traiter avec mépris.
Note de l'auteur : Cette Fable est imitée de celle du Père Comire : Cuniculus et Léo.