Un petit chien venait de naître
Dans un panier, sous mon bureau.
Il avait bien huit jours, peut-être,
La robe brune, il était beau.
Et je regardais en silence
Ce nouvel hôte du foyer,
Quand, tout à coup, mystère immense !
J'entendis mon chien aboyer.
Il aboyait en chien de chasse,
il rêvait à je ne sais quoi.
Était-ce un lièvre, une bécasse,
Qui le mettait en cet émoi ?
Il connaissait donc la nature
Avant d'avoir ouvert les yeux,
Les prés, les forêts, la verdure ?
Avant de naître il était vieux.
Pour moi, ce n'est pas un mystère ;
Je me souviens d'avoir vécu,
Je suis aussi vieux que la terre,
La mort ne m'a jamais vaincu.
La vie est une renaissance,
Et la mort n'est qu'un long sommeil.
Rien ne finit, tout recommence,
Après la mort vient le réveil.
Cher compagnon des premiers âges,
Ensemble nous avons bravé
Les flots, les vents et les orages.
Ensemble nous avons rêvé !