La Corneille et l'Éphémère Étienne Azéma (1776 - 1851)

Une Corneille avait cent ans.
N'ayant jamais connu ni souci ni tristesse,
La vieille se croyait toujours à son printemps ;
Le bonheur à tout âge est si plein de jeunesse !
Elle avait regret de finir.
Prés d'elle un de ces Éphémères
Qui naissent le matin et le soir sont grand'mères,
Disait de son côté : Que je tarde à mourir !
De mes afflictions que la mort me délivre ;
C'est mon seul voeu, mon seul désir.
Oh ! la sotte Corneille ! elle veut toujours vivre
Et moi, je suis las de vieillir !

Le temps n'est rien ; ce n'est qu'une heure
Pour dix ans de félicité ;
Et pour l'infortuné qui pleure,
Une heure est une éternité.

Livre III, Fable 17




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