De sa demeure souterraine
La Taupe sortit un matin.
Sans doute elle avait un dessein
Pour quitter ainsi son domaine.
Elle s'en allait à tâtons,
Seule, sans guide et sans lumière.
Grâce à quelques faibles rayons,
Elle vit ses petits qui se donnaient carrière
Et se livraient à leurs ébats.
Enfants, soyez prudents et sages,
Leur dit-elle, et de moi ne vous éloignez pas.
Fuyez les dangereux passages
Oii le Taupier a mis ses lacs.
Venez, prenez à gauche, Evitez cette pierre.
Les petits écoutaient et n'en couraient pas moins,
Le plus jeune répondit : Mère,
£îous vous savons gré de vos soins,
Mais pardon, vous êtes myope
Et ne voyez pas plus que nous ;
Comment nous dirigerez-vous ?
— N'ayez pas peur, reprit la Taupe,
Vous êtes la chair de ma chair,
Je vous serai bonne gardienne ;
Quand il s'agit des siens, mes fils, qu'il vous souvienne
Qu'une mère y voit toujours clair.