Un Oiselier dans sa volière
Élevait des oiseaux qui différaient entre eux
De plumage et d'espèce ; et partant si nombreux
Qu'on eût dit une fourmilière,
Vous pensez bien qu'avec des gens
D'humeur, de caractère et d'esprit différents,
La paix n'était guère au ménage ;
Soir et matin ils se brouillaient ;
Se béquetaient, se chamaillaient,
Ce n'était que rumeur, que tumulte et tapage.
Notre homme, étourdi de leurs cris,
Crut trouver remède à la chose
En mettant chaque espèce en un même logis,
Dans son nouveau palais la famille ainsi close
Continua toujours son train.
Le frère querellait le frère ;
Le cousin plumait son cousin,
L'Oiselier changea de manière :
Il les renferma deux par deux
Et seule avec le mâle il logea la femelle ;
C'était assez pour vivre heureux.
Maïs l'hymen, par malheur, est fertile en querelle.
L'époux battait sa femme ; et nos reclus, d'ailleurs,
Se voyant séparés des leurs,
Se démenaient, faisaient tempête
En cherchant à passer au travers des barreaux,
« Oh ! les vilaines gens ! disait l'homme aux oiseaux ;
Ils me feront perdre la tête,
Je lais tout pour calmer ces esprits turbulents
Et, grand Dieu ! rien ne les amende,
— Vous vous plaignez à tort, lui dit un de la bande ;
Voulez-vous à nos cris voir succéder les chants,
La joie et les plaisirs ? Sortez-nous de la cage,
Oubliez-vous que l'esclavage
Aigrit le caractère et rend les cœurs méchants ? »