A travers champs, certaine Pie
Conduisait un jour ses Piaux,
Pour leur montrer comment ils trouveraient leur vie.
Mais, faisant les mignards et les petits nigauds,
Tous voulaient retourner au nid, si que la Mère
Les dût toujours abecquer ; et, pourtant,
Ils étaient assez drus, pour aller voletant
Et picorant par toute terre.
La Pie avec raison suivait donc son chemin ;
Et nos Piaux feignaient, en courant après elle,
Qui de tirer le pied , et qui de traîner l'aile.
Mais, lorsque l'appétit, enfin,
Leur devenant un puissant maître,
Elle les vit tout seuls commencer à se paître,
Dame Margot leur dit : Écoutez, mes Enfants ;
J'étais toute petite, et loin, bien loin, sans doute,
De pouvoir, comme vous, faire une longue route,
Que ma mère, au milieu des champs,
Ma mère qui m'aimait autant que je vous aime,
M'annonça qu'il fallait me suffire à moi- même ;
Et vous, il est honteux, grands comme je vous vois,
Il est honteux , vous dis-je , et pour vous et pour moi,
Qu'on vous sache encore à ma suite ;
Allez donc, mes Enfants : bon grain, bonne conduite ! ...
Voire mais, faisaient-ils , nous irions volontiers,
Bonne mère, n'était les Arbalétriers ;
Ils nous tueront, bien sûr. - Non, ce n'est chose aisée ;
Toujours faut-il du temps pour prendre la visée :
Quand vous verrez qu'ils lèveront
L'arbalète, et qu'ils la mettront
Contre la joue, afin de tirer, fuyez vite !
Ah! nous retiendrions bien cela, pour le coup ;
Mais, si, pour nous frapper, quelqu'un prend un caillou,
Point de visée alors ne fera qu'on l'évite :
Mère, que devenir ? Vous verrez bien , ma foi,
Si, ce quelqu'un venant à changer de posture,
Il se baisse, et ramasse un caillou . Mais, sur soi,
Mère, ne pourrait-il le porter d'aventure ?...
S'il l'avait en sa main?... En savez-vous bien tant ?
Adieu, pourvoyez-vous, dit la Mère, en partant :
Plus fait que nos leçons l'instinct de la nature.