Le Veuf qui se repend d'avoir battu sa femme Etienne Catalan (1792 - 1868)

Un Mari qui battait sa femme,
Et la mettait sans cesse en Enfer au logis,
Fit si bien que la bonne dame,
Un beau jour, s'en alla tout droit en Paradis.
Lors, s'écriait, du fond de l'âme,
Le pauvre Époux repentant et confus :
Mon Dieu, c'en est donc fait, et tu me l'as ravie !
Ah ! je n'ai point assez, durant sa vie,
Connu le prix de ses rares vertus !...
Mais quoi, je l'aimais tant, que, tôt ou tard, sans doute,
J'aurais fini, coûte que coûte,
Par ne la battre presque plus !
Cet homme, en son naïf langage,
Ne raisonnait point mal : Vanité que l'usage
De dire : « J'en suis sûr, je me corrigerai » ;
Mieux vaut ceci : « Je crois que je m'amenderai » ;
Qui le dit et le fait, moi, je le tiens un Sage.