Le Fat et le Perroquet Étienne Fumars (1743 - 1806)

Et de pourpre et d’azur un perroquet vêtu
Promenait son plumage
Dans sa cage. Il répétait en doux langage,
Je vous aime, au premier venu.
Quand on se trouve aimable,
Aisément on se croit aimé.
Un joli sot, fort agréable,
Passait en minaudant, se trouvait adorable ;
Il entend, je vous aime, et s’arrête charmé ;
Regarde. — C’est Jako : mais il est admirable !
Écoutons : — Je vous aime.— Oh ! comme il me le dit
Il le pense ; il a de l’esprit,
Ce Jako-là ! de moi je suis sûr qu’il raffole.
Son je vous aime est vrai comme celui de Laïs.
Il ne se trompait pas ; le drôle,
Pour mieux vous le duper, à ses regards épris,
Fait mille jolis tours, se blottit, dégringole,
Reste pendu d’un pied, puis fait la cabriole,
Le cou dans les barreaux, et d’un air enfantin
Il le mord avec grâce : enfin
Rien ne manque à son rôle,
Dans le bec du fripon, qui semble l’en prier,
Notre sot met le doigt ; aussitôt de crier.
Jako s’en applaudit en sifflant sa conquête,
Et le malin, d’un ton moqueur,
D’un je vous aime aigu lui perce encor la tête.
Je le vois bien, va, tu n’es qu’une bête,
Dit le fat, s’en allant d’assez mauvaise humeur.

A tous cette fable s’adresse,
Aimables jeunes gens, vous, faits pour la tendresse.
Il est un autre oiseau
Dressé par la volupté même,
Qui n’a point de plumage et n’en est que plus beau ;
Dès qu’il voit briller l’or, il chante je vous aime.
Ses yeux promettent le bonheur ;
N’approchez pas, le péril est extrême :
Le plus sage souvent n’en défend pas son cœur.





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