L'Urubu et le Crapaud (2) Fables Brésiliennes

Un autre jour, le Vautour noir fut invité avec le Crapaud à une fête au ciel. Pour se moquer, le Vautour alla trouver le Crapaud et lui dit : — « Hé bien! compère Crapaud, je sais que vous allez au ciel ; si nous y montions de compagnie ? » — « Je suis prêt à vous suivre, mon ami ; mais allez chercher votre viole. » — « Et vous, dit le Vautour, prenez votre tambour de basque... »
Au jour dit, le noir Vautour se présenta chez le Crapaud, qui le reçut très bien elle fit rentrer pour voir sa commère et ses filleuls. Tandis que le Vautour causait avec la femme et les enfants, le Crapaud lui cria du seuil de la porte :
— Vous savez, je marche très doucement. Permettez- moi de partir avant vous. Et il se faufila dans la guitare et s’y blottit très tranquillement. Bientôt après, l’Urubu prit congé de la dame et des enfants, passa sa guitare, et se mit en route pour le ciel. En y arrivant, il fut questionné. On lui demanda des nouvelles du Crapaud.
— Quelle plaisanterie! répondit-il, est-ce que vous croyez que ce jeune homme peut se permettre d’aussi longues promenades? Il peut à peine se traîner sur la terre, comment voulez-vous qu’il s’aventure à travers les airs ?
A ces mots il déposa sa guitare et s’en alla manger. Lorsque tout le monde fut il table à boire et à manger, le Crapaud sauta hors de la guitare sans être vu, et s’écria :
— Me voici !
Étonnement de l’assemblée. On se mit à danser et à s’amuser.
Le bal fini, tout le monde se relira. Le Crapaud voyant le Vautour distrail, se glissa de nouveau dans la guitare. L'Urubu se mit en roule. A un certain endroit, le Crapaud remua. Le Vautour, sans bruit, retourna sa guitare et la vida. Le Crapaud tomba des nue.
— Retirez-vous, pierres et rochers, criait-il en approchant de terre, ou je vous écrase !
— Pas de danger, répliquait l’Urubu gouailleur, vous savez trop bien voler.
Ce qui n’empêcha pas le Crapaud de s’aplatir et de s'endommager considérablement. Voilà pourquoi il a le dos tout bossué et la peau couverte de plaies.

Folkore brésilien


Cette fable vient, d'après l'auteur de M.S. Roméro

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