La Philosophie et l'Adversité Fleury Flouch (19ème)

L'Adversité, pâle de faim,
Un soir d'hiver, dans sa chaumière,
Triste et manquant, hélas ! de pain,
Au ciel envoyait sa prière.
Elle plaignait sa jeune enfant,
L'adorable Philosophie,
Qui, sur le sol, pâle et transie,
Posait ses mains en souriant.
La pauvre mère évanouie
D'horreur, d'amour et de pitié,
En rouvrant un œil effrayé,
Voit la Constance, son amie,
Qui de son pain lui donne la moitié.
Grand Dieu ! le malheur qui te prie,

De toi peut-il être oublié,
De toi, soleil de l'éternelle vie !....
La fille de l'Adversité,
Par la main du temps embellie,
Brilla d'espoir, de joie et de santé :
Son teint joignait les lis de la virginité
Aux roses de la modestie ;
Ame fidèle au dieu des cieux,
Elle respectait la vieillesse ;
Appui de tous les malheureux,
Elle était bonne sans faiblesse ;
Le travail, solide trésor,
Fut pour elle une mine d'or ;
Elle adorait sa vieille mère,
Qu'elle enivrait de son amour.
L'Adversité, dans sa chaumière,
Plus qu'une reine dans sa cour,
De son opulence était fière.
Les grands dotèrent son séjour,
Et ses voisins, avec envie,
Disaient en la voyant passer :
« Lorsqu'on a sa Philosophie,
On n'a pas besoin d'entasser ».

Livre II, fable 2




Commentaires