Les deux Uniformes Fleury Flouch (19ème)

Dans une alcove, à côté d'un grabat,
Où d'un profond sommeil dormait un vieux soldat
Qui, jadis, de la gloire avait chanté l'antienne
Sous l'aigle napoléonnienne,
Un uniforme neuf se vantait de l'éclat
Qu'il répandait sur ce maître héroïque,
Alors incorporé dans la garde civique :
« Tais-toi, lui dit avec humeur,
Et d'une voix sarcasmatique,
Un vieil habit dont la couleur
Était presque problématique,
Et qui portait l'emblème d'un sapeur ;
La dignité dont ton orgueil se pique,
Appartient tout entière aux ciseaux d'un tailleur ;
Moi j'ai conquis la mienne au champ d'honneur.
Tu n'as point fait de sacrifices
Pour illustrer mon possesseur ;
Ma vétusté, mes cicatrices,
A tous les yeux racontant mes services,
Mieux que toi de ce brave honorent la valeur ».
 
Le monde, trop souvent, réalise ma fable ;
On y voit plus d'un sot avec le faux honneur
Confondre l'honneur véritable.

Livre III, fable 2




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