Auprès d'une horloge solaire,
Semblable à ce cadran que Rome consulaire,
Sur le forum avait placé,
Guide pour nous moins nécessaire
Et dans nos jardins délaissé,
Un père avait conduit l'héritier de sa race ;
Là, pour l'instruire et le charmer,
A ce fils qu'il voulait former,
Des heures il montrait la trace.
« Sur l'aiguille que nous voyons,
« Et qui du centre ainsi s'élève,
« Disait-il à son jeune élève,
« Le soleil darde ses rayons ;
« Et tantôt plus, tantôt moins incliné,
« L'ombre de ce style, en son tour,
« En recouvrant les points incrustés à l'entour,
« En douze temps égaux divise la journée. »
Un nuage survient, qui, tandis qu'il parlait,
Du soleil voile la lumière,
Et soudain l'ombre disparaît
Et de l'aiguille et de la pierre.
« Ici, dit le père à son fils,
« Un autre enseignement commence,
« Car de cette ombre l'inconstance
« Est l'image des faux amis.
« Si le ciel est serein, tu la verras paraître,.
« Comme les beaux serments, les baisers de Judas,
« Qu'il faut apprendre à reconnaître,
a El qui dans tes beaux jours ne te manqueront pas.
« Mais si le temps devient plus sombre,
« Comme si ta fortune un seul jour se dément,
« Alors les faux amis et l'ombre.
« Tu les chercheras vainement.