Le Lévrier et le Lièvre Fortuné Nancey (? - 1860)

Un de ces lévriers, coureur à jambe fine,
Non de ceux que je vois par le col enchaînés,
Par une belle main, comme un bichon traînés,
Mais un de haute taille, et d'assez maigre échine,
De loin dans la plaine aperçoit
Un lièvre qui se rendait droit
Dans une remise voisine.
« Entre nous deux encor, il n'est pas trop d'écart
« Se dit le lévrier qui déjà croit l'étreindre,
« Pour le devancer et l'atteindre ; »
Soudain comme un trait il part.
Mais dans sa course rapide
Il ne peut s'arrêter à point,
Par-dessus la bête timide
Il passe à l'instant qu'il la joint.
De ce trop grand élan, l'autre aussitôt profite
En se réfugiant sous bois.

En se rendant au but trop vite,
On voit qu'on le manque parfois.

Livre III, fable 15




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