Le Singe et l'Éléphant Fortuné Nancey (? - 1860)

Un singe se moquait en véritable enfant,
Le croirait-on, d'un éléphant,
Lui sautait sur le dos, faisait mille grimaces,
Même aussi de ses dents lui laissait quelques traces
Sur l'oreille ou la queue, et d'un air triomphant
Regagnait en sauteur agile
Quelques arbres géants, qui lui servaient d'asile.
Longtemps ainsi le singe s'amusa ;
Il n'en fut rien d'abord, l'animal débonnaire
Le souffrait sans se plaindre et sans trop de colère.
Un jour pourtant il s'en formalisa.
Lors il guette le singe, et du bout de sa trompe,
Lui fait sentir
Qu'à l'avenir,
Il ne faut pas qu'on l'interrompe ;
Il fallait voir alors le singe suppliant,
Demander sa grâce en criant !
Le bon gros éléphant s'attendrit et la donne.

Où le faible punit, souvent le fort pardonne.

Livre II, fable 13




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