La fable est comme le miroir
Qui ne reproduit notre image,
Qu'afin de nous bien faire voir
Ce qu'il faut corriger pour être mieux ou sage.
Que ce soit l'homme ou bien les animaux,
Que l'on fasse parler en ce léger poème,
La morale toujours encadre les tableaux,
Et le but est toujours le même.
C'est chez l'homme aujourd'hui que je prétends trouver
Deux exemples pour lui prouver,
Qu'il est dupe souvent ; car c'est là ma querelle ;
Et si quelque succès vient répondre à mon zèle,
Sous le rideau que je vais soulever.
L'homme à l'homme deux fois servira de modèle.
C'est sur un champ de foire, où sera la leçon,
Celte fois qu'il faudra me suivre,
Chez quelque descendant du fameux Vancanson,
Montant sur des tréteaux, comme d'autres pour vivre.
Cet homme avait un théâtre en plein vent,
Des acteurs en carton jouant la comédie,
Que lui caché derrière un paravent,
Dirigeait à son gré, mais non à l'étourdie ;
Il avait calculé leurs gestes, leur maintien,
Qui pour le spectateur demeuraient un mystère ;
Quelques fils en taisaient l'affaire ;
Puis sa voix qu'il changeait soutenait l'entretien.
Le public accourait en foule,
Était content, applaudissait,
Et le bon campagnard surtout était la poule
Que le plus souvent il plumait.
Ces bonnes gens n'y pouvaient rien comprendre ;
Ils voyaient des acteurs se parler, se mouvoir
Comme de gens vivants, on aurait pu l'attendre.
L'un d'eux pourtant voulut plus qu'un autre en savoir,
En tapinois dans la coulisse, Le malin paysan se glisse ;
Et tout penaud alors y voit l'homme aux tréteaux.
Tirant à droite, à gauche ses cordeaux,
Ainsi pour lui le prodige s'explique !
Maintenant qu'au monde on applique.
Ce que la fable ici peut nous avoir appris ;
Parmi tous ces acteurs que la fortune attèle
Au timon d'un État, que de faits incompris !
Nous ne voyons pas la ficelle.