Dans les bois, dans les champs lo cor retentissait ;
Une meute animée à grands cris accourait ;
« Grands dieux ! se dit le Lièvre, attentif en son gîte,
Décampons au plus vite,
Il n'est jamais trop tôt ! »
S'il n'était brave, il ne fut sot :
Comment aurait-il pu soutenir la bataille ?
D'autres hôtes des bois en firent tout autant,
Aussi bien les petits que ceux de haute taille ;
Chacun d'eux se sauvait, beaucoup même en tremblant.
L'hallali résonnait après chaque conquête.
La Meute, à bout de vent, enfin fit sa retraite.
Plus de danger lo soir. En cercle réunis,
Nos fuyards rassurés mirent sur le tapis
De ce terrible jour les moindres circonstances.
A loisir sur un arbre aiguisant ses défenses,
Le Sanglier plaisantait le Chevreuil.
« Ami, dit celui-ci, no t'en prends qu'à ton oeil ;
Tu n'as pas vu comment, en faisant volte-face,
J'ai dans des prés marécageux
Attiré tous les Chiens et fait perdre ma trace.
Le Lièvre qui m'entend fut bien plus malheureux,
11 courait, détalait, et n'eût eu bonne chance
Sans des fourrés épais, salut do sa vaillance ! »
Le Lièvre dit ; « De moi je suis fort satisfait ;
C'est Jeannot-Lapin, mon compère,
Qui peut avoir quelque regret
De s'être blotti sous la terre. »
Ainsi, faibles et forts, dans leur stylo vantard,
Ils étaient tous fils de Bellone ;
Personne n'avait fui. Quand chacun fait sa part,
Vous pouvez compter qu'elle est bonne.