Les deux Couveuses Saint-Joseph

Deux Couveuses, déjà vieilles dans le métier,
Conduisaient leurs poussins à travers un hallier,
Mais s'évitaient, voulant qu'entre eux, dès leur enfance,
Rien ne pût altérer la bonne intelligence.
Elles savaient par longue expérience
Combien les instincts sont divers.
Formons leur cœur d'abord, se dirent-elles,
Et s'il existe en eux quelques penchants pervers,
Faisons qu'à nos leçons ils ne restent rebelles.
Parmi ces chers petits poulets,
Les uns obéissants, d'autres mauvais sujets,
Chaque mère avait fort à faire.
Une Couveuse était plus que sévère ;
Parfois jusqu'à l'emportement
Se montait son humeur et môme sa colère,
Et gare alors au châtiment !
Poulets toujours se révoltant,
On vit gémir la pauvre mère.
« Fais comme moi, lui dît sa tranquille commère,
Tu le vois, je suis calme, et ne fais autrement
Que leur parler raison, former leur jugement.
Je fais revivre en eux un noble sentiment,
Et ne reprends jamais qu'avec toute justice.
Ne te mets donc point au supplice
Et si tu veux qu'on t'obéisse,
Suis mon exemple sur tous points.
Tu verras tes paisibles soins
Avoir réussite complète.
Mes chers petits enfants m'aiment à qui mieux mieux ;
Je ne les rends point malheureux ;
Pourtant nul n'en fait à sa tête, »

La Poule parlait d'or ; comme elle avait raison !
Que do sagesse en sa leçon !





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