Deux Castors qui s'aimaient,
Jeunes encore et d'humeurs différentes,
Dans un marais couvert de plantes,
Pour se faire un logis ensemble bâtissaient.
L'un, paresseux, causait, n'agissait guère : l
Son ami s'éloignant, il ne savait quo faire ;
Tandis que cet ami, sage, laborieux,
Et, de plus, modeste pour deux,
Mettait la main à tout. Sa main devint savante ;
Il bâtissait solidement,
Pour pouvair résister à tout événement.
C'était l'hiver ; survint une tourmente :
Du paresseux l'édifice croula ;
Contre l'effort de la tempête,
La maison de l'ami comme un roc résista.
Celui-ci, ne perdant la tête,
Malgré la saison, se hâta
Do secourir le pauvre misérable,
Car le travail rend bon et serviable.
« Allons, dit-il, ne tardons d'un instant,
Mettons-nous à l'ouvrage,
Ranime ton courage,
Gomme moi, fais agir et ta queue et la dent ;
Entourons ta maison d'une diguo solide ;
Faisons le vide,
Épuisons l'eau,
Et puis construisons à nouveau. »
Des deux façons d'agir on voit la différence.
Cultivons le travail ; il satisfait nos voeux
Et nous permet encor, bien douce récompense,
De secourir les malheureux.