La Brebis, remarquant que parmi le troupeau
On s'attachait surtout de nourrir le Pourceau,
Et qu'on avait grand soin que sa panse fût pleine,
Dit- un jour : je suis bien en peine
De savoir en quoi ce museau
Est utile à la race humaine,
Pour que l'homme si fort s'occupe de sa peau.
Pour moi je le sers de la laine,
La vache de son lait, la poule de ses oeufs,
Les chiens, les chevaux et les bœufs
De leur fatigue et de leur peine.
Mais toi, qui n'es ni bon ni beau,
A quoi peut lui servir ton grouin et ta bedaine.
Je n'en fais rien, dit le Pourceau.
A cet égard je m'en repose
Sur lui. Pourquoi je pense bien
Que je suis bon à quelque chose,
Car il ne donne rien pour rien.