La Brebis et la Corneille L-S du Ruisseau (16?? - 17?)

Avec une ardeur sans pareille,
Dans le milieu d'un champ une Brebis paissait ;
Mais une maudite Corneille
De lui piquer le dos un plaisir se faisait.
A la fin la Brebis par trop inquiétée,
Dit à cet oiseau malfaisant,
Quel mal, dis-moi, fais-je en paissant,
Pour m'avoir si longtemps à ton gré tourmentée
Si tu t'étais autant jouée
Dessus le dos du moindre Chien,
Tu ne t'en trouverais pas bien.
Innocente et pauvre Pécore,
Repart la Corneille en riant,
T'imagines-tu que j'ignore
Qui font ceux que je vais ainsi persécutant ?
Apprends donc aujourd'hui que je fuis toujours bonne
A tous les naturels fâcheux et turbulents ;
Mais aux Gens comme toi, timides, innocents,
Je me fais un plaisir d'attaquer leur personne.

Que l'on voit de Gens ici bas
Imitateurs de la Corneille !
Et dont la passion à la sienne est pareille ;
Livrant aux faibles des combats,
Qu'ils font bien assurés qu'on ne soutiendra pas.

Livre II, fable 4




Commentaires