Perché de force au sommet d'un rameau
Un vieux pinson qui s'était laissé prendre
Espérait bien attirer à l'appeau
Les plus sots qui voudraient l'entendre ;
Et ce n'était en vain. Déjà quelques oiseaux
S'approchent doucement et s'en viennent descendre
Sur les perfides gluaux.
Les voilà pris, les voilà mis en cage.
» Hélas ! s'écriaient-ils, pourquoi nous attirer
Par cet insidieux langage ?
Aucun de nous peut-il te délivrer,
Peut-il finir ton cruel esclavage ?... »
» Amis, dit le perchant, je sens votre douleur,
Et voudrais comme vous voir finir nos misères :
Mais lorsqu'on est dans le malheur,
Il est si doux d'avoir des frères ! »
Plaignons l'égoïste cruel,
L'homme envieux, au cœur pétri de fiel ;
Et, s'il est parmi nous des êtres si coupables,
Ah ! fuyons-les ! Fuyons celui
Qui voudrait voir un seul de ses semblables
Tout aussi malheureux, aussi méchant que lui !