Les Colombes et l'Epervier Gilles Corrozet (1510 - 1568)

Guerre et tyrannie,

C'est grand pitié s’on ne peult eviter
Guerre d’aultruy, ou prince tyrannique :
Par armes l’ung veult tout suppediter,
L’aultre destruict le corps du bien publicque.


Les Columbes avoient grand guerre
Contre le Milan ravissant,
Ayde et secours voullurent querre
A ung aultre oyseau plus puissant,
Pour leur roy l’Esprevier esleurent
Affin qu'il les voulsist deffendre ;
Mais, aussi tost que roy faict l'eurent,
Se print a ravir et a prendre.
Non moins les tuoit ou mangeoit
Que le Milan leur adversaire,
En corps et biens les oultrageoit
Et leur estoit en tout contraire.
Le Roy, qui se devoit monstrer
Loyal deffenseur et amy,
Dés qu'il vint au royaulme entrer,
Feit plus de maulx que l'ennemy.
Les Columbes, par repentance,
Dirent : « Nous aymons mieulx souffrir
La guerre que la violence
Que nostre Roy nous vient offrir. »
Ainst void on qu’en tous costez
N’y a riens qui soit bien heureulx.
Telles sont les calamitez
Que seuffrent les hommes par eulx.
Fable 18


Titre original : Des Columbes et de l'Espervier leur roy

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