Un honnête vieillard, du jour bravait gaîment
La chaleur et. le poids ; il labourait son champ ;
Et de sa propre main, dans le sein de la terre,
Des moissons répandait la semence prospère.
Sous l'ombre, tout-à-coup, d'un tilleul spacieux,
Un fantôme divin apparait à ses yeux.
Le vieillard est tremblant. « Ne conçois nulle crainte,
Lui dit avec bonté l'esprit, parle sans feinte,
Car tu vois Salomon ; en ces lieux que fais-tu ?
— « Toi le grand Salomon, modèle de vertu !
Répond l'homme surpris ; «à quoi bon ta demande ?
Prétends-tu me blâmer, ton injustice est grande ;
Vers la fourmi, jadis toi-même m'envoyas ;
J'admirai sa conduite, et bientôt mes deux bras
Connurent le travail ; à présent il m'honore ;
Ce que d'elle j'appris, je veux le faire encore.
Tu ne sais, dit l'esprit, imiter qu'à demi ;
Pour devenir parfait, retourne à la fourmi ;
Comme elle tu sauras, l'hiver de tes années,
Te reposer, jouir du fruit de tes journées. »