Gentillâtre imprudent, tu verrai-je toujours
D'insolence et d'orgueil saupoudrant tes discours,
Narguer le roturier, dont l'éclatante mérite
Éclaire tes défauts et t'offusque et t'irrite ?
Si tu veux te targuer d'un nom que tes aïeux
Illustrent jadis, illustre-le comme eux.
Le premier qui transmit la noblesse à ta race
Était un roturier, dont la guerrière audace
Franchissant la barrière où l'arrêtait son sort,
Pour l'état et le roi prit un nouvel essor.
Son sang jusques à toi, par cent routes obscures,
Fut cent fois transvasé sans aucunes souillures :
Je veux bien t'accorder cet pitoyable point.
Mais la vertu, l'honneur ne te transvasent point.
Par ses propres vertus, ou par son propre crime,
Chacun en propre acquiert le mépris ou l'estime.
Le fils d'un scélérat peut être vertueux ;
D'un beau tronc peut sortir un rameau tortueux.
Par le mérité on voit la roture ennoblie ;
Par les forfaits on voit la noblesse avilie.
Disons donc, pour conclure et nous conclurons bien,
Noblesse est une affiche, or l'affiche n'est rien.
Le seul mérite est tout. Certaine fable neuve,
Si quelqu'un en doutait, en fournirait la preuve.

Fable 11










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