La vieux Moineau et la jeune Fauvette Honoré Antoine Richaud-Martelly (1751 – 1817)

Certain Moineau, pour se mettre en ménage,
Avait attendu ses vieux jours :
Il cherche, il voit Fauvettes de tout âge,
Balance, enfin se donne pour toujours
À la plus jeune. Or, ce choix fut-il sage ?
Dans peu vous allez le savoir.

Charmé de sa jeune conquête,
Aux Oiseaux il donne une fête
Où l'on danse jusques au soir.
La nuit venue, on se retire ;
Chacun s'envole, non sans rire
Et du jour et du lendemain.
Ce qui se fit dans l'intervalle
N'est pas l'objet de ma morale ;
Passons sur ce fait incertain.
Suffit qu'après grande tendresse,
Que n'épuisa le mois entier,
Le Moineau vit que sa maîtresse
Lui promettait un héritier.
Soudain pour orner sa retraite,
Il s'apprête voler aux champs ;
Mais son grand âge qui l'arrête.
Empêche des soins si touchants.
L'obstacle anime son courage ;
Lui-même il dépouille son sein ;
Il fait un nid de son plumage....
La Fauvette fit un Serin.

Livre I, fable 5




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