Avant dîner, Dragon, le chien d'un grand Seigneur,
Se promenait, à l'exemple du maître,
Pour gagner l'appétit : le chien d'un Laboureur
Se range en le voyant paaoître.
Dragon lui dit : L'ami, j'en fuis fâché pour toi ;
En vérité, ta maigreur est affreuse :
Je demeure au Château ; viens dîner avec moi.
Grand merci, répond l'autre.
Oui, ta vie est heureuse.
Mais, dis-moi, te caresse-t-on ?
On me nourrit : c'est assez, dit Dragon.
- C'est assez ! Non vraiment ; je veux qu'on me caresse.
Pour moi mon pauvre maître est rempli de tendresse.
Il partage son pain, me disant, mon garçon,
C'est ton ami qui te le donne ;
Et nous dînons ensemble sans façon.
Après cela je n'en veux de personne.
Quand le maître est ami, le pain est toujours bon.

Livre III, fable 14




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