Les Brebis et les Chiens Ivan Krylov (1768 - 1844)

Dans certain troupeau de brebis
La dent des loups ayant fait rage.
Tous les bergers étaient d'avis
Que, pour mettre fin au carnage,
lis devaient, en prudents gardiens,
Tripler le nombre de leurs chiens.
Qu'arriva-t-il ? Du loup vorace
On n'eut dès lors aucun souci ;
Mais les chiens étaient d'une race
Qui très-volontiers mange aussi.
Des brebis on pilla la laine,
Puis au sort on tira la peau,
Si bien que d'un nombreux troupeau
Il restait six moutons à peine.
Nul de nos chiens n'y renonça,
Et, comme ils se trouvaient en veine.
En moins d'un mois tout y passa.

Livre VI, fable 16


Note de l'auteur : On devine que la critique du poète s'adresse ici à l'administration russe, qui, pour remédier aux abus, n'a su, pendant longtemps, mieux faire que de multiplier les
employés qui en vivent.


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