Sur l'agreste penchant de nos Alpes neigeuses
Deux sapins inégaux croissaient majestueux ;
Le plus grand sur les flots du Rhône impétueux
Descendit aux mers orageuses.

Là, derechef se dressant dans les airs,
Et se mirant dans le cristal de l'onde,
Fier et brillant, de l'un et l'autre monde
Il visita tous les climats divers.

De plus d'une conquête il partagea la gloire ;
Il entendit tonner le bronze meurtrier,
Et vit aux jours de la victoire
Couronner son beau front de fleurs et de laurier.

L'autre ne quitta point le doux sol helvétique ;
Point de tristes adieux, et, partant, point d'ennui.
En soutiens façonné dans la ferme rustique,
Aux ceps de nos coteaux il prêta son appui.

Un pampre verdoyant lui servit de parure ;
La grappe y vint mêler ses rubis précieux,
Et de nos vignerons, alors qu'elle fut mûre,
Il entendit les chants joyeux ;
Repos, gaîté, plaisir ; nulle grande aventure.
Qui des deux fut le plus heureux ?





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