Enfant des climats chauds, ma bonne tourterelle
Aime fort à jouir d'un bienfaisant rayon ;
Aussi, dès que Phébus vient dorer sa prison,
Il faut la voir, à la saison nouvelle,
Etendre en éventail les plumes de son aile,
Dresser un peu sa crête, et son bec entr'ouvrir....
On est heureux de son plaisir.
Or, ce matin, auprès de ma volière,
Je vis en l'observant chose assez singulière
Et qui me fit sourire : un beau rayon naissant,
Une heure après le lever de l'aurore,
Paraissait bien, mais n'éclairait encore
Qu'un petit coin du logement ;
L'oiseau restait dans l'ombre, et cependant,
Mêmes façons, même manége ;
Son aile aussi blanche que neige
S'étalait, se développait
Comme si le rayon la frappait.
Elle croyait fermement, l'ingénue,
En jouir, et pourtant, n'en avait que la vue.
Qu'en pensez-vous, lecteur ? Ne vous semble-t-il pas
Que l'homme à cet égard est un peu tourterelle,
Et que, comme elle,
En certains cas,
Tout aussi vainement il étale son aile ?