Le Castor et son Fils Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Mon père, ne vous en déplaise,
Nous devrions enfin nous loger plus à l'aise :
Il nous faudrait au moins un bel appartement,
Afin de recevoir nos amis dignement.
En un mot, tout chez nous est mesquin ou gothique.
Mon fils, écoutez-moi : Depuis que nos aïeux
Sont venus sur ces bords fonder la république,
Sous un modeste toît on se trouvait heureux ;
J'achèverai bientôt ma soixantième année
Sans avoir murmuré contre ma destinée ;
Aussi, je suis surpris de vos projets nouveaux.
Que me demandez-vous ? vous aurez en partage
Le même héritage.
Mais je ne sais quel diable a troublé les cerveaux !
Pourquoi s'abandonner à des besoins factices ?
Soyons simples touj ours, dans nos moeurs, dans nos goûts ;
Mais non, l'on veut du luxe ! ah ! prenons garde à nous ;
Fermons-lui notre porte ; il mène à tous les vices.

Livre IV, fable 18




Commentaires