Zéphire et la Pivoine Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Eh quoi ! des doux rayons que dispense l'aurore,
Je vois déjà l'orient qui se dore,
Et des accents d'alégresse et d'amour
Dans les champs, dans les bois ont salué le jour,.
Et moi je ne suis pas encore
Dans le charmant bosquet où la reine des fleurs.
Hier d'amour me vit l'âme embrasée.
Ainsi parla Zéphire, et, secouant les pleurs
Que sur son aile a formés la rosée,
D'un vol rapide il fend les airs ;
Il arrive au bosquet... ô fortune inconstante !
Zéphire en vain cherchera son amante,
Et ces beaux lieux pour lui seront déserts ;
Il ne sait pas, hélas ! qu'un pâtre l'a cueillie,
Et qu'entre le corset et le sein de Zélie
Elle va pour toujours se faner et mourir.
Zéphire infortuné, que vas-tu devenir ?
A voltiger sans cesse il fatiguait son aile ;
Il entend une voix... on le nomme, on l'appelle :
Zéphire, viens ici, viens retrouver la fleur
Objet de ton amour, objet de ta douleur.
Zéphire vole ; il croit apercevoir
Sa bien aimée... ô vain espoir !
C'est la pivoine. Il lui dit, l'ame pleine
Du pluss amer chagrin : Inutile est ta peine ;
Le rouge en vain est ta couleur ;
Qu'à quelque sot frelon ton aspect en impose ;
Pour Zéphire jamais il ne sera trompeur :
La pivoine n'a pas le parfum de la rose.

Livre IV, fable 13




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