Un lionceau, avide d'applaudissements, évitait la compagnie des lions et recherchait celle des bêtes vulgaires et ignobles : il passait tout son temps avec des ânes : il présidsit à leurs assemblées : il copiait leurs airs et leurs manières, en un mot, il était âne en tout, hormis les oreilles. Enflé de vanité, il cherche la retraite de son père pour étaler ses rares qualités : il ne pouvait pas manquer d'en avoir de ridicules. Il brait ; le lion tressaillit. Sot, lui dit- il, ce bruit désagréable montre quelle compagnie tu as fréquentée. Les fats découvrent toujours leur stupidité. Pourquoi êtes-vous si sévère, demanda le lionceau ? Notre sénat m'a toujours admiré. Que ton orgueil est mal fondé, répondit le père ! sache que les lions méprisent ce que les ânes admirent.
Un sot, dit Boileau, trouve toujours un autre sot qui l'admire : ce n'est pas le suffrage de telles gens qu'il faut briguer ; c'est celui des gens d'esprit, de mérite et de goût.