Un rossignol, dans un bocage,
Charmait par son divin ramage,
Excitait les hôtes des bois
A marier les sons de leurs charmantes voix ;
Tous ensemble formant un concert admirable
Annonçaient du printemps le retour agréable.
Coucou très fâcheux dans cette occasion,
Mêlait sa voix à l'unisson.
Le rossignol, le chef de la musique
Voulut en imposer à ce chanteur rustique,
En lui disant, finis : ton ramage ennuyeux
Trouble de nos accords les sons harmonieux ;
Et du concert charmant la douce mélodie,
Par ton maudit coucou, devient cacophonie.
Cet oiseau, triste et paresseux,
Répondit : de quel droit veut-on que je me taise ?
Je suis libre et je veux chanter tout à mon aise :
Mon style est, dites -vous, monotone, ennuyeux ?
Tous mes amis me disent le contraire :
Qu'il vous déplaise ou non, je ne veux pas me taire.
Trop d'amour-propre aveugle l'ignorant.
Fuyons l'esprit fâcheux qui se croit du talent.