Le coucou disputait au rossignol, un jour,
Le prix du chant et de la mélodie,
Et pour juger leur débat, sans retour,
Ils firent choix d'un roussin d'Arcadie...
Quand le coucou, qui ne sait que deux mots,
Les eut bien répétés, puis répétés sans cesse,
L'aimable rossignol fit redire aux échos
Ses sons mélodieux, ses chants pleins de mollesse,
Ses tons charmans remplis de grâce et de finesse,
Et qui peignent si bien ses plaisirs et ses maux.
A peine il finissait ses airs et sa cadence,
Espérant tout du jugement,
Que maître Aliboron prononça gravement,
Cette ridicule sentence :
« Le chant du rossignol n'exprime que fadeur ;
Celui de son rival me plaît bien davantage :
Sur ce donc au coucou j'accorde mon suffrage,
Et lui donne les prix destinés au vainqueur. »
L'esprit de parti, l'ignorance,
Reçoivent, bien souvent, la même impression ;
Mais l'une juge mal par trop peu de science,
L'autre par trop de passion.