Une fleur languissait, sans soin, abandonnée,
Isolée au milieu des champs,
Et des maux les plus effrayants,
Chaque jour sa jeunesse était environnée,
Lorsqu'un jardinier bienfaisant
La transplanta dans son parterre,
Et, contre la pluie et le vent,
Lui fournit un asile et frais et salutaire.
Loin des troupeaux, loin des bergers,
Loin d'une main trop indiscrète,
Cette simple et douce fleurette,
Vécut, sans crainte, à l'abri des dangers.
Aussi, bonne et reconnaissante,
Toujours répandit-elle une suave odeur
Dans la retraite et paisible et charmante.
Du jardinier, son bienfaiteur.
Ainsi que cette fleur, ô ! ma mère chérie,
En naissant j'éprouvai les rigueurs du destin,
Comme elle, sous un ciel d'airain,
A regret, je reçus le flambeau de ma vie.
Mais bientôt le jour le plus beau
Remplaça des jours de tristesse,
Ce fut, bonne maman, lorsque, sur mon berceau,
Tu pus verser des pleurs d'amour et de tendresse.
Dès-lors, les noirs soucis, l'avenir menaçant,
De la pauvre Kethly pour toujours s'éloignèrent,
Et l'espoir, et des jeux le cortége riant,
Près d'elle, à l'envi, se fixèrent.
De cette fleur, j'ai tous les sentimens,
Bonne maman, tu peux le croire,
Et jamais de tes soins touchants,
Le cœur de ta Kethly ne perdra la mémoire.