Orphise, son Chat et son Épagneule Jean-François Haumont (17** - 18**)

Orphise aimait son chat, minet,
Qui fort souvent la chagrinait.
Elle aimait bien aussi Mirza, son épagneule,
Présent que lui fit son aïeule.
Le chat plaisait par sa légèreté,
Ses grâces, sa vivacité,
Ses tours, ses sauts et son adresse.
Mirza charmait infiniment,
Par son fidèle attachement,
Mais surtout par sa gentillesse.
Un jour, minet en badinant
Avec son aimable maîtresse,
Par malice, plutôt que maladresse,
L'égratigna très-rudement.
Le sang coula sur le beau bras d'Orphise.
L'épagneule, très-bien apprise,
Léchait le mal pour le guérir,
En témoignant son déplaisir.
Le perfide minet, d'un air d'indifférence,
Ne montrait point de repentance.
Orphise, dans son désespoir,
Lui dit, je ne veux plus vous voir :
Pour prix de mes bontés, toujours nouvelle injure ?
Quoi ! dit minet, pour une égratignure,
Vous oubliez tous mes talents ?
Pour les souris, ne fais-je pas merveille ?
– Oui, c'est bien dit, ne me romps plus l'oreille :
Séparé des honnêtes gens,
Dans le grenier, perfide race,
Allez chasser en liberté ;
Là, vous serez à votre place.
Sous un air doux, craignons la fausseté.
On voit plus d'un minet dans la société.

Livre I, Fable 16




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