De ses demeures maternelles
Dédaignant l'humble obscurité,
Une Linotte un jour fit l'essai de ses ailes.
Après avoir bien voleté,
Elle aperçut un pin dont [a cime touffue
Allait se perdre dans la nue.
La hauteur de cet arbre aisément la séduit ;
Elle vole au sommet, elle y pose son nid.
Sur ce trône, des airs elle se croit la reine,
Et d'un œil satisfait contemple son domaine.
Un orage survient ; la pauvrette à l'essor
Dans les champs s'ébattait encor,
Quand son petit palais fut frappé de la foudre...
De retour, plus de nid !.. le pin réduit en poudre !
Ah ! dit-elle, y pensais-je ? En m'approchant des cieux,
J'allais au devant du tonnerre !
Renfermons nous plutôt dans le sein de la terre ;
La foudre rarement tombe sur les bas lieux,
Un autre nid sous l'herbe est commencé sur l'heure.
L'humidité, les vermisseaux
Lui font abandonner sa nouvelle demeure...
Toute position hélas a ses fléaux,
Et le bonheur n'est point encore dans la fange ;
Voyons un peu plus haut... Instruit par le malheur,
Dans un buisson épais, de moyenne hauteur,
Que bien que mal enfin le bestion s'arrange ;
Il y trouva le calme... et c'est là le bonheur.

Livre III, fable 13




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