Désertant le nid de sa mère,
Et voltigeant pour la première fois,
Une jeune linotte, en parcourant un bois,
Résolut d'y fixer son foyer solitaire.
Un chêne dans l'air élancé
La séduisit ; comme une reine
Là, je serai, dit-elle, et dominant la plaine,
On n'aura jamais vu de nid si haut placé.
Mais à peine construit le nid fut renversé,
Et l'arbre, par la foudre, à l'instant fracassé.
Par bonheur la linotte alors était absente.
A son retour voyant le chêne en mille éclats,
De me placer si haut je fus bien imprudente,
S'écria-t-elle, allons loger plus bas.
Parmi les broussailles, rez terre,
Faisons un nid bien cimenté,
Les hauts lieux seulement sont frappés du tonnerre ;
Il faut vivre humblement pour vivre en sûreté.
Mais les vermisseaux, la poussière,
Dans sa loge inhospitalière
La fatiguèrent tellement,
Que bientôt notre aventurière
Fut contrainte de fuir ce nouveau logement.
Aux branches d'un buisson, au sein d'un vert bocage,
Le nid de la linotte enfin fut arrêté ;
Et loin des vermisseaux, à couvert de l'orage,
Dans une douce obscurité,
Cet oiseau reconnut que le repos du sage
Dans tous les temps est le partage
De celui qui chérit la médiocrité.

Livre I, fable 2




Commentaires