Une petite linotte De ses ailes fit essai ;
Eh quoi ! je vole ! j'étais sotte de rester au nid.
Allons, gai ! La voilà dans les bois ; contente,
Elle voltige et chante.
La fureur de bâtir, à son tour, la saisit :
Rien n'est tel qu'être à soi c'est ce que chacun dit.
Ma linotte choisit un chêne ;
Par sa hauteur ce chêne la séduit :
Je serai là comme une reine,
Dit-elle. Et sur le faîte aussitôt est construit
Ce nid tant désiré, mais, dessus, le tonnerre
Tombe (linotte absente heureusement.)
L'architecte revient, et...
Plus de bâtiment,
Arbre en éclats, débris à terre.
Figurez-vous l'étonnement !
Loger si haut n'est pas trop sain, vraiment
La terre vaudra mieux.
J'aperçois des broussailles :
Bon ! plaçons-nous ici,
Bourre, plumes et pailles,
Tout, à l'aide du bec, s'arrange, nid en bas :
Mille insectes et la poussière
Y désolent notre ouvrière...
Recommençons je ne finirai pas.
Buisson touffu lui sembla son affaire,
Et ce l'était ; exempte d'embarras,
À l'abri de la poudre, à l'abri de l'orage,
Le repos, le bonheur devint là son partage.
Hommes, la médiocrité
Que sans fin le sage vous prône
Vous donnera ce bien vainement souhaité :
Il n'est point sous le chaume il n'est point sur le trône.

Livre II, fable 25




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