La Linotte et la Fauvette Romain Nicolas du Houllay (début 19è)

Une jeune linotte aussi tendre que belle
Faisait gémir et la nuit et le jour
Par ses accents plaintifs les échos d'alentour ;
Elle pleurait un amant infidèle.
Près d'une autre beauté
Riant de sa tristesse,
D'une coupable volupté
Le perfide épuisait la coupe enchanteresse.
Ma voisine, pourquoi vous affliger ainsi ?
Lui dit une bonne fauvete :
Votre amant a changé ; hé bien ! changez aussi.
Ah ! reprit la pauvrete,
Quelque sort qu'à mes feux le destin préparât,
J'ai juré de l'aimer : en imitant l'ingrat,
Moins que lui serais-je parjure ?
Non, non ; à le chérir quelques maux quej'endure,
Tant que les dieux me laisseront mon cœur
Je ne pourrai vivre sans ma douleur.

Livre III, fable 3




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