Une jeune linotte aussi tendre que belle
Faisait gémir et la nuit et le jour
Par ses accents plaintifs les échos d'alentour ;
Elle pleurait un amant infidèle.
Près d'une autre beauté
Riant de sa tristesse,
D'une coupable volupté
Le perfide épuisait la coupe enchanteresse.
Ma voisine, pourquoi vous affliger ainsi ?
Lui dit une bonne fauvete :
Votre amant a changé ; hé bien ! changez aussi.
Ah ! reprit la pauvrete,
Quelque sort qu'à mes feux le destin préparât,
J'ai juré de l'aimer : en imitant l'ingrat,
Moins que lui serais-je parjure ?
Non, non ; à le chérir quelques maux quej'endure,
Tant que les dieux me laisseront mon cœur
Je ne pourrai vivre sans ma douleur.