Tout s'embellit des roses du bel âge :
Jeune beauté, même au village,
A ses attraits peut mêler un peu d'art.
Bouche vermeille et doux regard
Sont toujours sûrs d'obtenir notre hommage.
Mais ce printemps passe comme une fleur !
Le temps commence son ravage ;
Il enlève éclat et fraîcheur,
Et ne laisse pour tout partage
Que les regrets et la laideur.
Ne cherchons point à réparer l'outrage ;
Nos soins seraient superflus :
L'art qu'on met alors en usage
Est une laideur de plus.

Une Linotte extravagante,
Qui, sur le déclin de ses jours,
Avait une fille charmante,
Dont la voix douce et ravissante
Fixait la foule des amours,
Voulut avoir même avantage.
J'étais, dit-elle, autrefois
L'ornement de ce boccage ;
Je n'avais rien de plus qu'un plus jeune plumage :
Un peu d'art à présent peut rétablir mes droits.
Elle sourit à cette idée ;
Et d'une parure empruntée
Elle veut rajeunir ses traits.
Longtemps se passe à la toilette :
Dans le cristal qui la répète
Elle crut voir enfin tous ses jeunes attraits.

Sa fille arrive et la caresse.
Maman, dit-elle, que d'appats !
C'est la plus brillante jeunesse !
Au moins, maman, ne chantez pas.

Livre II, fable 6




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